Ecrire c'est naître à chaque phrase....

L’écriture est un acte aussi intime et chargé que l’amour

En parlant avec Yann une évidence m’apparaît, l’écriture nous révèle bien plus que toute autre science. Elle nous révèle à nous-mêmes tout autant qu’elle nous révèle aux autres…

La psychologie est une science complexe pour ceux qui souhaitent la réserver à une certaine élite alors qu’en fait c’est une science des plus simples puisque la psychologie est la science qui s’intéresse à la relation de l’individu avec son entourage

La psychanalyse, que d’aucuns enferment en des tours d’ivoire inaccessibles aux profanes, est également une science relativement simple, puisque la psychanalyse est la science qui s’intéresse à la relation de l’homme avec lui-même

Or Freud (médecin et neurologiste on dirait aujourd’hui un psychiatre) avait constaté que certaines personnes ont une propension incroyable à être en difficulté relationnelle avec quasiment tout le monde – vous savez ce genre d’individu qui passent leur temps à critiquer tout le monde et ne font confiance à personne – et que ces mêmes personnes semblent en proie à de grands tourments internes. D’un autre côté il a observé qu’à l’opposé certaines personnes ont une propension merveilleuse à bien s’entendre quasiment avec tout le monde – vous savez ce genre d’individu qui copinent avec tout le monde et qu’on aime avoir comme ami – et qui dans le même temps semble relativement à l’aise dans leur tête (cool cool à l’aise dans ses baskets)

Depuis les travaux de Freud ont été largement amendés et améliorés mais tous font le lien entre la relation aux autre et la relation à soi

En prenant un peu de hauteur il est possible d’ouvrir cette réflexion sur une dimension plus philosophique à savoir qu’il y a une analogie entre cette approche relationnelle (à soi et à autrui) et le rapport à l’écriture. Ecrire pour soi est une manière de prendre du recul par rapport à sa propre réflexion. Il est bien évident que je ne peux écrire tel que je pense. La mise en forme, la conceptualisation de ma pensée (comme je le fais ici), souscrire à quelques règles de syntaxe, avoir souci de la porté du message, etc…. implique une formalisation de ma pensée. Ecrire pour soi permet de se révéler à soi-même. D’ailleurs le carnet intime a-t-il une autre fonction que de donner du relief aux faits quotidiens pour se les ré-approprier (se révéler du déjà vécu ou déjà ressenti….) ?

Ecrire pour les autres, quelle qu’en soit la forme : courriers, articles, publications… est toujours la voie royale pour se révéler à autrui. Révéler quelque chose de son univers (dimension sociale), de son statut (identité civile et/ou professionnelle), de ses pensées (réflexions, argumentaires…), de ses valeurs (idéologie…), de sa personnalité (facettes, qualités/défauts)…

Mais plus que cela, écrire c’est toujours révéler quelque chose de ce qu’on cache habituellement, de ce que l’on se cache à soi-même. Au travers toute écriture se profilent des lambeaux de soi dont on est plus ou moins conscient. Bien évidemment il nous est difficile de décrypter les vérités cachées sous l’écriture, mais cependant cela nous parle. D’ailleurs, en dehors de règles purement techniques, chacun fait une lecture « personnalisés » de tout récit, de tout roman. On le conçoit lorsque l’on parle de poésie dont le style est au service de la sémantique. Cependant il s’agit de la même reconstruction mentale lorsque nous lisons un texte (quel qu’il soit). Nous le reconstruisons, nous l’interprétons, nous le traduisons à la lumière de ce que nous sommes ; notre éducation, notre vocabulaire, nos valeurs…. Il n’est pas rare, convenez-en, que certains textes innocents ou légers engendrent des conflits plus ou moins importants entre l’auteur et le lecteur tout simplement parce que l’un ou l’autre à interprété les propos légers dans sa grille de lecture qui prennent alors valeur, à ses yeux, d’insultes ou manque de respect. Parfois d’ailleurs pour les auteurs anciens ce sont les lecteurs entre eux qui entrent en conflit par des interprétations différentes d’un même texte. On voit bien par-là que l’essentiel est moins les mots en eux-mêmes que la lecture qu’on en fait. L’interprétation inéluctable d’un écrit peut engendrer des sentiments divergents de la volonté de l’auteur et/ou du lecteur, pouvant entrainer suspicion, méfiance et conflit. La guerre de Troyes, la guerre de 1870, la guerre du Vietnam et plus proche de nous la guerre en Irak en sont des illustrations exemplaires

La lecture tout autant que l’écriture sont révélateurs de personnalité, pour soi et les autres.

Lorsque mon écriture se rapporte à moi (écrire sur un vécu) l’on comprend qu’on parle de soi. Mais lorsque j’écris sur autrui (quel qu’il soit) je m’aperçois qu’en filigrane je parle encore de moi puisque ma production est fonction de ma représentation sur cet autre. Et lorsque j’écris sur l’analyse ou la critique de l’écriture (du récit, de la thèse, de l’idée, du roman…) d’autrui en fait je ne fais encore et toujours que parler de moi. Quoi qu’on en pense je suis au centre de toute production littéraire

L’écriture est un acte intime d’une grande impudeur. On s’expose irrémédiablement aux regards des autres. Ecrire est un acte d’amour de type auto-sexuel (carnet intime) ou de type hétéro-homosexuel (publication….). Ecrire est un don de soi plus ou moins chargé d’affects dont la finalité est révélation. Ecrire est l’autre mot de l’amour puisqu’aimer est un acte intime d’une grande impudeur (je parle bien entendu de l’amour accomplit psychiquement et physiquement)

Il va être temps en cet article que je cesse de parler de moi

ce texte est vraiment tres interressant my dear Seb..Merci de nous avoir fait part de ces quelques reflexions..J'ai envie d'ajouter qu'apres avoir lu ceci, on comprend mieux pourquoi il y a une telle...intimite entre nous tous : nous livrons ici et sans cesse des parts de nous-meme a travers nos textes...a force d'entrer dans l'intimite de chaucn, nous finissons par nous y attacher..etc...

je pense que tu auras compris, mon tres cher presque-frere uterin a tendances incestueuses..:p