L'épée de vérité, de Terry Goodkind (spécialement pour Claire)

La première fois que j'ai entendu parler de ce livre, c'était dans un catalogue de livres d'heroic-fantasy, fourni par ma tante bibliothécaire. Il a longtemps figuré sur la seconde page du carnet où je note les livres que je veux lire. Ne le trouvant nulle part, j'y avais renoncé. Jusqu'à il y a deux semaines, quand Anthony m'en a parlé. À nouveau, j'ai eu envie de le lire. La semaine suivante, Guillaume le choisit pour le jeu du Pendu. Deux fois en deux semaines, c'est un peu trop. Du coup, direction la bibliothèque, à 5 minutes de chez moi. Le livre n'y est pas, on me donne une autre adresse. J'y vais, et j'en ai pour une heure de marche aller-retour au soleil. Mais le jeu en vaut la chandelle. J'ai avalé le livre en 5 jours, en savourant chacune des 1076 pages.

On y trouve tous les ingrédients du livre d'heroic-fantasy. La fin du monde imminente, le méchant aux pouvoirs magiques hors du commun et son reflet antithétique le héros, les secrets mystérieux des uns et des autres, le bestiaire fantastique, le héros naïf par les yeux duquel on découvre le monde magique, le "doute" des personnages sur la victoire, l'arme magique, etc...
Il y a également le topos littéraire du vieux sage aux origines mystérieuses dont l'aide sera précieuse pour la suite de la quête. Sauf que là, c'est une vieille sage. Un peu folle, d'ailleurs.. Autre topos littéraire, l'amour impossible, à la Roméo et Juliette. Sauf que..non, je n'en dirais pas plus !

Le talent de Terry Goodkind c'est qu'il apporte quelque chose de plus à la recette basique du roman d'heroic-fantasy. Si on a envie de lire la suite, c'est parce-qu'on s'est attaché aux personnages, et pas parce-qu'on est arrêtés en pleine quête, comme c'est souvent le cas. Prenez Tolkien, Rowling, et d'autres encore, on passe d'un tome à l'autre surtout parce-que le méchant n'a pas été éliminé et qu'on voudrait bien savoir la fin... Ici, dans ce premier tome, le méchant disparaît (définitivement), on ne finit pas sur un suspense. On peut continuer ou s'arrêter là.
Une autre particularité, c'est que tout se passe entre humains. Alors que d'habitude on croise des peuples humanoïdes (nains, hobbits, elfes, centaures, géants..) on n'a ici que des humains. Certes, les sociétés sont diverses elles varient d'un pays à l'autre voire au sein d'un même pays. L'une d'elles, est même caractérisée par la longueur de la coupe de cheveux, qui dépend de la position sociale. Mais ce sont toujours des êtres humains, parfois un peu préhistoriques d'ailleurs.. C'est encore un topos littéraire, celui de la tribu primitive.
Ce qui le différencie, c'est aussi la manière dont se manifeste l'autorité du méchant. D'ordinaire, c'est "juste" une dictature. Là c'est carrément un état totalitaire à tendance communiste ! Culte du chef, encadrement de la population, arrestations pour..complot contre le peuple. Les mots "bien commun" et " peuple" reviennent souvent. Mais surtout, surtout, ce sont les expressions "armée du peuple" et "petit père des peuples" qui montrent que Goodkind pense très fort à l'URSS et compagnie !
Mais quelque chose qui tranche franchement avec les autres ouvrages d'heroic-fantasy c'est la manière dont la violence est traduite. Les combats sont rares, pas de grandes batailles sanglantes, mais des jours et des jours de torture interminables pour le héros. C'est décrit presque avec sadisme, mais la tortionnaire a quelque chose de sensuel, de séduisant. Le passage n'est pas vraiment rebutant en fait.... Mais ce n'est pas la seule forme de violence. Il n'est pas rare qu'il soit question de punitions à coups de fouets voire de ceinturon...Ce qui semble presque banal pour l'auteur!
Enfin, il y a le bestiaire. Particulièrement original, il ne ressemble à aucun autre que je connaisse. Pas de licornes, de centaures, de chimères, et autres monstres traditionnels. Les seuls qu'on puisse reconnaître ce sont le dragon, et les animaux réels tels que lapins et chevaux. Pour le reste, le calthrop, le garn, le Shadrin et autres sont directement sortis de l'imagination de l'auteur. Même si la tête de cochon du garn peut évoquer je ne sais plus quel épisode de Saw ou les meurtriers sont déguisés avec des têtes de cochons.

À la fin, tous les mystères sont résolus, ce qui est peu courant, en général l'auteur ne prend pas le risque de ne pouvoir attacher ses lecteurs que par la sympathie pour les personnages et des indices sur la suite de la vie de ceux-ci.
Le titre "la 1° leçon du sorcier" est particulièrement bien choisi. Cette 1° leçon est omniprésente dans tout le livre.
D'autre part, la traduction est très bien, le texte n'est pas défiguré, ce qui aussi une rareté...
Quelque chose que j'admire franchement, c'est la vision très précise qu'a l'auteur, au point qu'il nous fait parfois part de détails inutiles. Il utilise plus les descriptions d'actions que de choses, ce qui peut être un peu déstabilisant...

Pour toutes ces raisons, j'ai adoré ce premier tome. Et j'espère bien lire les autres, dès que je pourrais me rendre dans cette immense bibliothèque, inconnue de moi jusqu'alors.

Très bon commentaire Mina

Oh ma Mina, merci
Enfin j'ai pu lire
Et tu sais quoi ? Bah je crois que je vais courir après toutes les bibliothèques pour le lire. xD

et ben t'auras droit de le relire une deuxième fois puisque je te l'ai recopié et envoyé ce matin! na!

Hum j'espère que les bibliothèques de tes villes seront mieux fournies que celles de ma ville...^^